Formation doctorale

Poursuivant son objectif de contribuer à la formation à la recherche au Mali, le LMI MaCoTer soutient et encadre des doctorants en sciences humaines et sociales, qui travaillent sur les thématiques de recherche du laboratoire.
Les doctorants sont encadrés par des chercheurs des unités partenaires et sont étroitement associés à la vie du laboratoire. Cela leur permet de participer aux principales activités scientifiques : colloques, enquêtes de terrain, publications. Dans le cadre de ses partenariats, le LMI MaCoTer octroie également
chaque année des bourses de doctorat.

Liste des doctorants

Soumaïla BERTHE : « La gouvernance des territoires dans la région de Kayes, un jeu d’acteurs » (dir. Prof. S. Lima et B. Diarra).

Depuis les années 1990, le Mali entame un projet ambitieux qui est celui de la réforme de l’administration de son territoire. Il ressort de ce premier processus 760 collectivités dont 703 communes, 49 cercles, 8 régions et le district de Bamako. Ce découpage massif est en partie, une réponse aux nombreuses revendications politiques et territoriales des régions Nord-Mali. Force est de constater que le processus ne tarde pas à montrer ses limites.

Une décennie plus tard les méthodes de revendications des mêmes acteurs contribuent à plonger le Mali dans une crise sans précédent. En 2012, le Mali connait une crise multidimensionnelle persistante qui met en mal les valeurs fondamentales de l’Etat-nation notamment l’unicité, l’intégrité territoriale et la laïcité.  A la quête d’issu de sortie de crise et, sous les pressions diverses des acteurs nationaux et internationaux, les autorités maliennes réagissent en se lançant dans un processus de régionalisation. Ainsi, sont créées deux nouvelles régions dans le Nord du Mali dont Ménaka et de Taoudéni[1] qui porte à dix le nombre de régions.

Cet acte ne passe inaperçu chez les populations du centre comme du Sud Mali qui, manifestent aussi pour la création de nouvelles régions dans leur localité. Jusqu’à novembre 2020, le territoire du Mali était administrativement organisé autour de 10 régions 57 cercles et 703 communes. Le 26 novembre 2020, le conseil des ministres met en œuvre un projet de loi de découpage territorial, qui avait fait son apparition inattendue sur les réseaux sociaux, avec la nomination de nouveaux gouverneurs de régions. Ce nouveau découpage porte théoriquement le nombre de régions administratives à 20 et est prometteur de nouvelles crises.

Combiné aux crises sanitaires internationales, la jeune Etat dont la plupart du financement de ses gros programmes et projets repose sur l’extérieur a du mal à s’en sortir. Depuis un certain temps, décentralisation malienne est sous les faix d’une instabilité politique persistent. Les collectivités qui vivent des jeux de partenariat sont de plus en plus abandonnées et laissées à elles-mêmes.

Depuis les élections municipales de 2016, les collectivités sont à la quête d’une affirmation s’inscrivent dans de nouvelles dynamiques de territorialités. Commencé avec quelques collectivités juste le lendemain des premières élections municipalisé en 1999, le phénomène de l’inter collectivité se généralise au Mali à la suite du décret n° 2015-0848 et des élections de 2016. Ces éléments semblent contribuer à un éveil d’acteurs territoriaux aux objectifs variés.  Ces acteurs multiscalaires et multisitués, à la recherche de territoire « optimal », « idéel », « pertinent », contribuent au nom du « développement » à la fabrique de territoires hybrides d’inter collectivité. La présente recherche doctorale se veut de parvenir à mieux comprendre les enjeux des dynamiques territoriales des inter collectivités tout en réinterrogeant le processus de décentralisation au Mali.

Le terrain de la présente étude qui interroge le processus de décentralisation à travers la dynamique Inter collectivité dans la région de Kayes, s’articule entre Bamako et la région de Kayes. L’approche qualitative couplant l’observation directe a été priorisée dans cette étude.


[1] La loi n°2012-017 du 2 mars 2012 est adoptée par Amadou Toumani Touré. L’article 1, stipule : « le territoire de la République du Mali comprend le District de Bamako et les dix-neuf (19) Régions ».

Mamadou KEITA : « La peine de mort à l’épreuve du terrorisme au Mali » (dir. Prof. B. Kansaye).
Nana KIMBIRI : « Féminismes islamiques en Afriqque : Une approche comparative des logiques d’émancipation des femmes musulmanes au Mali, au Sénégal et en Côte d’Ivoire » (dir. Prof. G. Holder).

L’Afrique, un continent aux expériences historiques, politiques, culturelles, et religieuses diverses, est aussi un continent où les réalités féminines sont toutes aussi variées. Par ailleurs, les inégalités sociales et culturelles dans les rapports hommes-femmes ont longtemps influencées la place attribuée aux femmes dans les sociétés. « La femme, la grande absente de l’arbre à palabres a souvent été exclue des espaces où les décisions importantes se prenaient » (Mbow, 2005:10). Au fil du temps, cette situation a incité les femmes à la revendication de leurs droits, pas seulement en Afrique, mais partout dans le monde, particulièrement en Europe où, elles vont être les premières à poser les jalons de l’émancipation de la femme ainsi que sa participation à la gestion des affaires publiques. Cette vague de mouvement de femmes aspirant à un changement des mentalités sur la condition féminine depuis le milieu du XIX siècle en Europe, voit son émergence à partir des années 1970-1980 et ne tarda pas à s’étendre très vite sur le plan international.

A côté de cette lutte d’émancipation des femmes en Occident, une autre forme de mouvement d’émancipation des femmes voit le jour à partir des années 1920 en Egypte par les femmes musulmanes participant aux mouvements de libération de la femme. Outre l’Egypte, d’autres mouvements de femmes voient le jour en Iran, au Maroc, etc. Au regard de tous ces mouvements d’émancipation des femmes en général, et celles des musulmanes en particulier à travers le monde, la question qu’on se pose est de savoir : Quand est-il des mouvements d’émancipation des femmes musulmanes en Afrique de l’Ouest, particulièrement dans les pays comme le Mali, le Sénégal et la Côte d’ivoire ? Ou encore, quelles sont les formes d’émancipation des femmes qu’on retrouve dans ces différents pays ?   

Notre étude se propose donc d’analyser ses pratiques, ses discours, ses actions que les femmes mettent en place pour s’émanciper, sortir de certaines représentations  sociales, culturelles, religieuses, qui constituent des freins à leur épanouissement intellectuel, économique, politique, social.

Soumana MAÏGA : « Les migrations internationales de retour du monde arabe et la réinsertion des retournés au Mali : cas des migrants revenus d’Algérie, d’Arabie Saoudite et de Lybie » (dir. Prof. P. Cissé et S. Lima).

Depuis le début des années 2000, certains pays arabes commencent à figurer parmi les pays cités dans les migrations de retour au Mali. La décennie 2010 et le début de la décennie 2020, marquent l’émergence de trois pays : Algérie, Libye et Arabie saoudite. La particularité des migrations de retour en provenance de ces pays, est qu’elles concernent une catégorie considérable des migrants de la seconde générale et interviennent dans un contexte moins favorable au Mali depuis 2012 en termes de réinsertion. L’objectif de ce projet de thèse est de parvenir à mieux comprendre la réinsertion des migrants dans leur pays d’origine qu’est le Mali. Nos recherches, à la fois quantitatives et qualitatives, couvrent deux espaces géographiques du Mali : la ville de Bamako au sud et celle de Gao au nord du pays.

Amidou SOGODOGO : « Medias scripto-audio et pouvoir dans la médiation de la démocratie au Mali » (dir. Prof. E. Olivier).

La décennie 1980 à 1990 se caractérise par le triomphe de l’idée de démocratie dans le monde. L’avènement de ce « vent nouveau » en Afrique a été marqué par de mouvements de contestation. Au Mali un des socles de cette démocratisation repose sur la notion de libertés d’expression, d’association et de religion. La concomitance de la libéralisation politique avec la libéralisation du cadre médiatique occasionne un phénomène de création des médias au nom de la liberté d’expression comme un élément fondamental du régime démocratique. Cette imbrication du politique, du pouvoir avec les médias n’a pas été toujours facile à cerner quand on sait que les médias donnent une certaine liberté de participation aux débats publics à ses utilisateurs dans un monde de forte « visibilité » (Heinich 2012)

Le présent travail se propose d’étudier les corrélations entre médias et pouvoir dans le régime démocratique au Mali. Il s’inscrit dans la dynamique d’appréhender l’évolution du paysage médiatique à travers les jeux d’acteurs et receler les rapports entre médias, pouvoir. Il s’agit également pour nous d’analyser les pratiques, les contenus médiatiques et leur contribution à la consolidation ou pas de la démocratie. En termes de perspective, ce travail se veut aussi de déceler la configuration nouvelle occasionnée par le numérique dans les pratiques médiatiques et dans la participation citoyenne.

En accordant aux médias dé rôle de faiseur de traits-union entre gouvernants et gouvernés, accomplissant ainsi un œuvre d’utilité publique à travers le contenu diffusé,  on corrobore ainsi avec Thomas Jefferson président Américain qui dit « Je préfère une presse sans gouvernement qu’un gouvernement sans presse » soulignant ainsi le poids des médias dans la construction de l’Etat démocratique. Comme nous pouvons le constater dans le cas particulier du Mali, cet outil ou moyen a été dans la main des politiques, des hommes d’affaires et religieux plutôt que des professionnels du secteur. De cette situation de diversité des organes médiatiques se pose la question des acteurs médiatiques avec quelle ambition et de quels contenus pour quelle audience. Ce sont autant de préoccupations qui nous amènent à interroger ce morcellement des organes dans le contexte du Mali mais aussi essayer de faire une analyse de leur pertinence pour la démocratie.

Pour comprendre le travail des médias et analyser leur apport à la démocratie, nous adoptons une démarche à la fois qualitative et quantitative pour appréhender cette apparente paysage riche qui liasse voir des de fractures mais aussi une similitude de contenue. Il y’a lieu donc d’interroger ce déferlement médiatique dans la ville de Bamako et Kayes qui constitue notre zone d’étude. Une enquête ethnographique dans les différents espaces sociaux que sont : le domicile familial le « grin » le lieu de travail nous sert des lieux d’observation et de recueil d’information sur les médias et l’actualité politique rendu public à cet effet. Les résultats mettent au jour des tensions qui se nouent autour des usages des médias entre d’une part son rôle d’éduquer, sensibiliser et d’autre part outil de propagande des acteurs politiques, gagne-pain pour les acteurs, absorption du chômage.

Hama YALCOUYE : « Médias confessionnels et constructions identitaires au Mali » (dir. Prof. E. Olivier)

L’ouverture médiatique au Mali, consécutive à l’instauration de la démocratie et du multipartisme, a instruit le foisonnement des médias confessionnels, islamiques et chrétiens. De nos jours, chacune des religions révélées ou dans chacune de leurs tendances, il est noté cette tendance à asseoir un auditoire territorialisé par « voix » ou par « images » à travers la création de radios, de chaînes de télévision, sur les réseaux sociaux pour être plus proche des fidèles. Ainsi, au-delà de la visibilité ou le rayonnement des confessions religieuses et/ou de courants, on constate que derrière chaque masse média se trouve une quête de leadership, et d’érection d’espace public religieux où se déroule la compétition et des attaques ouvertes entre leaders par le détour d’animateurs dédiés. Ces médias sont aussi des espaces de vénération et de consécration des leaders religieux ou confrériques à travers des chants religieux. Ces leaders participent à une construction identitaire compétitive. Cette identité est d’ordre idéologique et comportemental d’un ou des courants religieux qui ont foi en leur vision et à leur parole. La parole religieuse fonde et autorise l’existence spirituelle, des objets qu’elle annonce. Ainsi, les médias religieux revendiquent des identités d’obédience chrétiennes (catholique, protestants évangéliques), islamique (Sunnite, Shiite, Malikite, etc.). On assiste alors à l’étalage des types de spiritualités conflictuelles et concurrentielles entre les tendances/associations religieuses opposées.

Une concurrence où chaque tendance s’escrime à l’ouverture d’une radio, d’une télévision pour pérenniser sa visibilité, sa notoriété. Les supports médiatiques utilisés par ces leaders religieux, participent à une division spirituelle ou idéologique voire familiale des citoyens maliens galvanisés aussi par l’implantation des antennes relais dans les villes secondaire (Ségou, San, etc.) du Mali. Chaque prédicateur défend sa ligne, sa trajectoire. L’erreur d’une tendance est une occasion pour une autre de répliquer en tenant des propos indigestes sur les antennes. Le culte de la personnalité des leaders confessionnels par le biais de la radio et de la télévision devient une récurrence. Malgré, le rôle social de l’islam et du christianisme dans la résolution des conflits internes, ils participent à une division doctrinale exaltée par les médias où les individus n’appartiennent désormais pas à leurs familles, mais à des courants ou à des identités religieuses.