Axe 2 : « Cohésions sociales : identité locale, prescriptions religieuses et économie morale du développement »

Cet axe appréhende la question des cohésions sociales – culturelles, religieuses – et l’économie morale du développement. Il vise à identifier les acteurs porteurs de dynamiques sociales peu ou pas pris en compte, et à réfléchir aux énoncés des normes (légales, morales, pratiques) qui conditionnent les politiques de développement.

Dans le contexte de la crise malienne qui perdure, la question des cohésions sociales constitue l’un des enjeux forts quant à la (re)construction d’une nation qui s’est délitée durant les dix dernières années, avant de s’abimer en 2012 dans une quasi-guerre civile. Durant cette terrible année, l’« ennemi » était alors partout : au Nord, dans les pays voisins et au sein des organisations internationales qui tentaient d’endiguer la guerre et forcer les putschistes à abandonner le pouvoir. Mais l’« ennemi » était surtout à l’intérieur d’une nation déchirée entre sudistes et nordistes, rebelles et terroristes, bérets verts et bérets rouges, résistants et traitres. Deux ans plus tard, en dépit de l’aide internationale sans précédents et des milliards de francs CFA qui y sont consacrés, la question de la reconstruction nationale demeure en suspens et, avec elle, celle des cohésions sociales.

Les (nouveaux) acteurs du religieux font l’objet d’une attention particulière en ce qu’ils sont partie prenante des dynamiques non seulement sociales et politiques, mais aussi économiques. Il s’agit de mettre en lumière l’action, très largement ignorée, des organisations religieuses dans la question du développement, en particulier leur rôle croissant dans les secteurs stratégiques comme ceux des services publics et du développement économique. L’intérêt d’étudier ce volet économique du religieux est double. Il s’agit d’abord d’évaluer son impact social réel, en le rapportant au marché local et national. C’est ensuite de voir quelle efficacité ces associations religieuses ont pu acquérir en termes de développement. De fait, certaines organisations invoquant désormais la notion « d’islam de développement », il est pertinent d’en analyser les résultats (changements, réappropriations), les adaptations (proximité, identité, conception intégrée, principe de guidance) et le niveau de responsabilité des bénéficiaires de ces actions, qui en sont aussi les acteurs.